Erlebach est un compositeur mal connu. La plupart de ses oeuvres ont disparu dans l'incendie du château de son protecteur. Sauf erreur, ce disque est le seul à présenter ces oeuvres. Antérieur à Bach d'une génération, Erlebach semble à nos oreilles plus moderne que ses successeurs et presque contemporain par son traitement du rythme, de la mélodie, de la composition et des thèmes lyriques. Dans ce disque, le ciel est personnifié, car il n'est pas le ciel de Dieu, plutôt une page où le poète peut écrire sa douleur et signer. Le mot Schmerz (douleur) est sans conteste le plus fréquent dans le livret de ce disque, au point qu'à la première écoute on peut se demander s'il s'agit d'un disque contemporain du Sturm und Drang et non de Vivaldi et Couperin. Je m'autorise même à dire que le Schwaches Herz (plage 2) de Philipp Heinrich Erlebach a quelque chose de rock. La formation Tylus fantasticus joue sur instrument d'époque, il emprunte son nom à un style de jeu propre à la musique baroque allemande. Le baryton brésilien Victor Torres est juste renversant et pourra rappeler la sensibilité des enregistrements légendaires de Hans Hotter, son abondante discographie, la diversité de ses rôles et la fréquence de ses apparitions scéniques montrent qu'il est actuellement une des voix les plus importantes.